Actuellement

One to One

curator Hannah Kreile

  • Group show
21.10.2025 - 16.11.2025
1/26
Sebastian Riemer
Sebastian Riemer
I:I, 2015
impression pigmentaire + cadre bois de cerisier
160 x 160 cm + cadre
Edition de 4 ex + 2 AP, disponible

Maxim Zmeyev
Maxim Zmeyev
Type 1.5.11.1. (Gardiens / guerriers - militaire), 2021
serie Type
impression jet d'encre sur papier
122 × 84 cm (avec cadre) /
Edition de 5 ex + 2 AP, disponible

Chemsedine Herriche
Chemsedine Herriche
Rayon Vert I, 2025
peinture sur verre
56x30 cm
Pièce unique, disponible

Jorge Rosano Gamboa
Jorge Rosano Gamboa
The stellar influences / Transmutation, 2024
version 1/3
vase rituel en terre cuite, cyanotype sur lin
400x125 cm
Pièce unique, disponible

Dmitry Kostyukov
Dmitry Kostyukov
Untitled (Afghanistan - 2 ), 2023
serie Reappropriation
peinture sur photographie
100x150 cm
Pièce unique, disponible

Leyla Cardenas
Leyla Cardenas
Contained Entropy #2 (Entropie contenue), 2016
impression jet d'encre, débris de démolition, inox
61x24x10cm
Pièce unique, disponible

Tuck Muntarbhorn
Tuck Muntarbhorn
Self-Painting (The Line of Life), Red III, 2024
huile sur tirage gélatino-argentique
38 x 29 cm (sans cadre) / 54 x 45 cm (avec cadre)
Pièce unique
Photo courtesy of the artist, disponible

Esmeralda Kosmatopoulos
Esmeralda Kosmatopoulos
I want you to look like Cleopatra - Amanda Barrie, 2020
jet d'encre sur acrylique, papier, cadre metal
81,5x61,5 cm et 31,5x22 cm
Edition de 3 ex + 1 AP, disponible

Esmeralda Kosmatopoulos
Esmeralda Kosmatopoulos
A chaque jour sa peine #1, 2024
farine, sel, eau, metal, vernis marin
20x27x8 cm
Pièce unique, disponible

Esmeralda Kosmatopoulos
Esmeralda Kosmatopoulos
A chaque jour sa peine #13, 2024
farine, sel, eau, metal, vernis marin
35x15x8 cm
Pièce unique, disponible

Leyla Cardenas
Leyla Cardenas
Endless reweaving II (retissage sans fin), 2023
version 1 de 3
Photographies imprimées par sublimation sur soie polyester puis detissée, bronze
122x86x4 cm aprox
Pièce unique, disponible

Nina Ivanovic
Nina Ivanovic
2 December
Série Months
câbles en métal
100x140cm
Pièce unique, disponible

Luca Resta
Luca Resta
Représentation de la nature et de la société, 2019
série Monuments
marbre blanc de Carrare
36 x 20 cm
Pièce unique, disponible

Adéla Souckova
Adéla Souckova
They've always belonged there, 2025
teinture naturelle, impression numérique, pierre et fusain sur textile
145 x 200 cm
Pièce unique
Photo courtesy of Private Institution., disponible

Alexander Morozov
Alexander Morozov
After David Friedrich, 2024
huile sur toile
24 x 30 x 2 cm
Pièce unique, disponible

Alexander Morozov
Alexander Morozov
Lampe, 2014
tempera à l'oeuf sur bois enduit de gesso
42 x 32 x 3 cm
Pièce unique, disponible

Alexander Morozov
Alexander Morozov
Winter's Blanket, 2025
Tempera à l'œuf sur bois
36x48x3 cm
Pièce unique, disponible

Alexander Morozov
Alexander Morozov
A glass from the past, 2025
series The black book
tempera à l'oeuf sur bois, vernis
10 x 8 cm
Pièce unique, disponible

Vincent Lemaire
Vincent Lemaire
Matrice fossile #01, 12 025, 12 025
Série Matrice fossile
1 photogramme, tirage noir et blanc sur papier Ilford baryté brillant, carton de bois, verre 2 mm, bois, adhésif tissu noir sans acide, plomb oxydé, 11 sections de tubes fluorescents brisés, 2 supports en acier, 2 vis.
34 x 54 x 13 cm
Pièce unique, disponible

Anila Rubiku
Anila Rubiku
#3. Via Ugoni 3, 2020-2024
serie The Inner Door
Broderie, fil mouliné sur soie, montée sur bois
24,5 x 17 cm
Pièce unique, disponible

Nasreddine Bennacer
Nasreddine Bennacer
Sans titre, 2020
dessin à la mine de plomb, album photo
90x70x10 cm
Pièce unique, disponible

Tracey Moffatt
Tracey Moffatt
Doomed , 2007
Vidéo, couleur, son
10'
Edition de 5 ex, disponible

Anne Deguelle
Anne Deguelle
La Jeunesse de Beuys, 2022
jet d'encre
121 x 32 cm
Pièce unique, disponible

Arina Antonova
Arina Antonova
Holy Nimbus, 2024
serie The birth of Venus
nacre lustrée, cheveux synthétiques
20 x 15 x 4 cm, avec des cheveux de 40 cm
Pièce unique, disponible

Arina Antonova
Arina Antonova
Venus Feet, 2024
serie
grès, lustre doré
30x10x8 cm
Pièce unique, disponible

Kwama Frigaux
Kwama Frigaux
Sans titre, 2020
photographies découpées
15x15 cm
Pièce unique, disponible

Communiqué

Quand la photographie devient matière, une forme, une attitude.    

Commencer par la photographie. Et non pas par la peinture. C’est déjà une insistance, presque une provocation, tant l’histoire de l’art semble avoir toujours fait de la peinture son horizon majeur, sa référence souveraine. Pendant longtemps, la photographie n’aurait été qu’un outil secondaire : document, illustration, copie. Mais si l’on renverse le récit, si l’on part de la photographie comme d’un noyau, comme d’un principe actif, alors l’histoire se déplie autrement. La photographie n’imite pas la peinture, elle fabrique. Elle configure des régimes de visibilité, des temporalités, des expériences. Elle est ce qui inspire, ce qui provoque, ce qui fait travailler.

Les artistes réunis dans ONE TO ONE ne produisent pas des “photographies” au sens traditionnel : ils travaillent à partir de la photographie. Mais aussitôt qu’ils partent de l’image, ils la font dériver. Une photographie se détisse, se brode, se compresse, s’imprime sur tissu, se sculpte en fil métallique, se couvre d’empreintes naturelles. L’image est déplacée, matérialisée autrement, comme si elle refusait la clôture de son propre médium. Chaque pièce devient ainsi le lieu d’une mémoire flottante, résiduelle, où l’image n’est plus donnée comme une archive à protéger mais comme un fragment transformé, un reste actif.

Dans ce geste, il y a une lenteur qui s’oppose au flux numérique saturé d’images. Broder un cyanotype prend du temps, tout comme laisser une empreinte végétale sur un tirage. C’est un autre rapport à la photographie : non plus la vitesse de la capture, mais la temporalité du geste. La photo cesse d’être regardée pour devenir touchée, travaillée, manipulée. Elle se rapproche de la sculpture, du textile, de la gravure, mais sans s’y dissoudre. Elle garde une ombre, un résidu de son origine photographique.

..et si nous parlions avec Jean-François Chevrier - imaginons - il dirait peut-être : la photographie, ce n’est pas un médium. Pas seulement un médium. Plutôt un régime. Une opération. Un dispositif qui déplace, qui dérange les hiérarchies. Alors les catégories vacillent : art / document, peinture / photo, visible / invisible.

Ici, les œuvres reprennent ce mouvement. Elles débordent la photographie, elles l'excédent, mais sans jamais la quitter. Comme si la photo insistait, persistait. Comme un fantôme, oui. Comme un sol. Mais un sol instable, fissuré, qui menace de s’effondrer, ou de se diffracter dans d’autres matières.

On pourrait croire que la photographie se défend comme relique, comme preuve, comme reste précieux du passé. Mais ici, ce n’est pas cela. Les artistes refusent le fétiche, ils refusent le tirage comme relique sacrée. Ils ouvrent l’image, la mettent en péril, la contaminent. Elle devient surface poreuse, territoire traversé. Elle n’est pas une fin mais un détour, un passage. Elle est en exil, et cet exil produit de nouvelles formes.

Ce déplacement engage aussi l’exposition elle-même. Car montrer une photographie transformée, travestie, c’est mettre en jeu le rôle du dispositif d’exposition. Boris Groys l’a écrit avec force : l’exposition “soigne” l’image de son impuissance à se montrer seule. Curare, c’est soigner. Mais cette cure est aussi un poison, un pharmakon : ce qui guérit est ce qui rend malade. L’exposition redonne visibilité mais, ce faisant, elle altère.
ONE TO ONE ne cache pas cette tension : elle l’expose. Ici, ce qui se donne à voir, ce n’est pas seulement l’image photographique devenue matière, mais la fragilité même de l’acte d’exposition.

De ce point de vue, l’exposition n’est pas une simple accumulation d’œuvres. Elle est un essai, une constellation, un ensemble de fragments qui se répondent. Hans Ulrich Obrist l’a rappelé dans ses entretiens : les expositions sont devenues un médium en soi, un langage avec sa grammaire, ses écarts, ses expérimentations. On ne regarde plus seulement des œuvres, on traverse une situation. Une situation où le temps de l’image - lenteur, mémoire, transformation - dialogue avec le temps du visiteur, du regardeur, de celui qui passe, hésite, s’arrête.

Ainsi,
ONE TO ONE n’est pas une hypothèse fermée: elle ne cherche pas à démontrer. Au contraire, elle met en relation, elle propose: les œuvres ne se ressemblent pas, elles ne convergent pas vers une conclusion unique. Elles cohabitent dans la tension : entre disparition et préservation, entre matérialité et effacement. Dans cette tension, la photographie se réinvente. Elle n’est plus un enregistrement, elle est un geste.

Alors, que reste-t-il ? Peut-être seulement cette expérience : penser la photographie comme une mémoire en mouvement. Non pas un passé figé, mais un présent qui se défait et se recompose. Non pas une archive, mais une trace en devenir. Une image qui survit en choisissant la lenteur, en acceptant d’être manipulée, brodée, compressée. Une photographie qui ne se contente plus d’être vue, mais qui se laisse toucher.

Il y a dans ces gestes une forme de résistance. Résistance à l’accélération du flux numérique. Résistance à la standardisation des images. Résistance à l’oubli. Mais aussi ouverture : car en se transformant, la photographie s’expose à l’altérité, au hasard des matériaux, aux mains qui la traversent. Elle devient hospitalière. Elle se laisse partager autrement.

Peut-être est-ce là le sens de ce titre :
ONE TO ONE - un nuage composé d'ombres, des restes, des fragments d’une vie en constant changement: non pas la mémoire comme archive intacte, mais comme processus toujours en cours. Une mémoire fragile, incertaine, mais persistante. Une mémoire qui se matérialise dans le fil, dans l’empreinte, dans la matière. Et qui nous rappelle que voir une image, ce n’est jamais seulement la regarder : c’est aussi l’habiter, la traverser, la toucher.


* Suite d’un ensemble de réflexions d’Anton Voyl, recueillies par Azad Asifovich et proposées ici, comme une tentative de texte, non pas définitif mais ouvert, destiné à accompagner l’exposition en cours d'élaboration.