Actuellement

Black Eguns

curator Chris Cyrille

21.11.2025 - 17.01.2026
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Black Eguns
vue d'installation

Black Eguns
vue d'installation

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Heviosso Blackgun, 2025
structure en bois, perles, sequins, plumes synthétiques, coton, sérigraphie, polyester
215x118x51 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Sakpata / Black Egun, 2025
structure en bois / perles / sequins / plumes synthétiques / coton / sérigraphie / polyester
215x118x51 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Waata / Black Egun, 2025
structure en bois / perles / sequins / plumes synthétiques / coton / sérigraphie / polyester
215x118x51 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Legba - Egun, 2025
acrylique, sérigraphie et encre de Chine sur toile
116x89 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Medecine Man - Egun, 2025
acrylique, sérigraphie et encre de Chine sur toile
116x89 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Flag Boy - Egun, 2024
acrylique, sérigraphie et encre de Chine sur toile
129x97 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Bantu Knight - Egun, 2025
acrylique, sérigraphie et encre de Chine sur toile
116x89 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Chief - Egun, 2024
acrylique, sérigraphie et encre de Chine sur toile
100x80 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Wild Man - Egun, 2025
acrylique, sérigraphie et encre de Chine sur toile
100x80 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Big Queen - Egun, 2025
acrylique, sérigraphie et encre de Chine sur toile
100x80 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Big Chief - Egun, 2024
acrylique, sérigraphie, encre de Chine sur toile
100x80 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Gambada Boy - Egun, 2024
acrylique, sérigraphie et encre de Chine sur toile
129x97 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Spy Boy - Egun, 2024
acrylique, sérigraphie et encre de Chine sur toile
129x97 cm
Pièce unique, disponible

Smaïl Kanouté
Smaïl Kanouté
Phénix' suit / Black Indians, 2025
structure en bois, perles , sequins, plumes synthétiques, coton, sérigraphie, polyester
215 x 118 x 51 cm
Pièce unique, Non disponible

Communiqué

Tout commence à La Nouvelle-Orléans, avec l’intronisation de l’artiste Smaïl Kanouté dans la communauté des Black Indians Yellow Pocahontas Hunters (YPH). C’est à partir de cette histoire, intimement liée aux célèbres Mardi Gras et à leur carnaval, rendus emblématiques par des figures comme le musicien Louis Armstrong (lui-même intronisé par une communauté), que Smaïl Kanouté a choisi d’exposer plusieurs de ses costumes et oeuvres inspirés de cette expérience.
Il s'agit de sa première exposition personnelle en galerie.


Smaïl Kanouté porte en lui une double expérience, à la fois européenne et africaine, qui vient enrichir et déplacer le seul prisme américain. Pour compléter ce maillage, il y mêle également des références japonaises, notamment celle du samouraï noir Yasuke Kurosan, une figure historique encore largement marginalisée dans le Japon contemporain. En plus de convoquer l’histoire de la traversée transatlantique, entre Europe, Afrique et Amérique, Smaïl met en lumière, à travers son oeuvre, la présence noire au Japon dès le XVIe siècle, longtemps invisibilisée. Ainsi, depuis Château-Rouge, il étend les dialogues culturels à l’échelle du monde. L’exposition Black Éguns ne se limite donc ni à un voyage vers La Nouvelle-Orléans, ni à un voyage au Bénin avec la culture des Egunguns (les revenants dans la tradition yoruba), mais constitue également une réflexion sur une Europe postcoloniale et sur une Afrique postcoloniale — actrice essentielle de ce que le penseur martiniquais Édouard Glissant nommait, très précautionneusement et dans une intention critique, la créolisation. 
(Il serait urgent aujourd’hui de refaire l’histoire de ce terme ô combien défiguré. Cette notion renvoie d’abord à une expérience de la violence. Elle renvoie ensuite à une expérience de la création, de ce qui, au sein même de la violence, a réussi à se constituer à partir de bribes. Mais cette création porte avec elle, toujours, la mémoire de la violence, mais aussi celle de l’oubli, qui permet alors d’imprévisibles maillages. Écoutons Édouard Glissant — extrait du livre Introduction à une poétique du divers: 
« En Louisiane par exemple : la création de la musique zydeco est une application à la musique cajun traditionnelle des rythmes et des pouvoirs du jazz et même du rock. En Louisiane, on trouve des Black Indians, qui sont des tribus nées de mélanges entre esclaves noirs enfuis et Indiens. J’ai assisté à la Nouvelle-Orléans au défilé d’ethnies Black Indians, il y a là quelque chose d’absolument imprévisible et qui dépasse le simple fait du métissage. Ces microclimats culturels et linguistiques que crée la créolisation dans les Amériques sont décisifs parce que ce sont les signes même de ce qui se passe réellement dans le monde. » 
Il n’est pas question de faire l’éloge, aveugle et naïve, de la création au sein de territoires dont l’histoire est celle de l’esclavage colonial. Il s’agit plutôt de rendre compte du principe actif qui permet à des corps d’être au monde, c’est-à-dire d’être au monde avec l’autre, ce principe actif étant la relation; souvenir de la terre, archive du sacré).
L’exposition est donc une histoire de la modernité, celle où la présence noire devient l’un des fondements de l’entrelacs moderne. L’exposition est donc une traversée, mais du monde, depuis Château-Rouge — ce lieu-monde.
Une traversée : de l’Europe vers l’Afrique, des Amériques vers l’Europe. Elle témoigne d’une Europe postcoloniale porteuse d’histoires africaines, américaines et asiatiques. Cette Europe des diasporas peut être une chance pour repenser la situation contemporaine en Europe, afin de penser une Europe-monde (non plus mélancolique de ses anciens empires, mais désireuse de relation, désireuse de se décentrer pour, elle-même, se penser autre, autrement, différemment, depuis d’autres rives, car l’Europe n’a pas de limites définies dans l’imaginaire). 
Mais cette chance sera-t-elle saisie ? 
Saurons-nous entendre ce sacré sans messianisme, ce sacré sans Loi, sans Écriture, ce sacré qui n’appartient à personne car appartenant à tous, ce sacré à l’échelle du monde, à la mesure du monde, celui que porte le mot relation, à l’image de cet autre mot inventé pour l’occasion  Blackegun ? 
Peut-être pas. 
La relation est aussi une histoire d’échecs. Mais, heureusement, la création sait toujours composer avec eux.
Chris Cyrille