Fort de sa double appartenance franco-marocaine, de père musulman et de mère catholique, Mehdi-Georges Lahlou traverse avec bonheur les frontières de nos sociétés multiculturelles. Dans ses performances comme dans ses oeuvres plastiques, il questionne l'esthétique, notamment celle  liée à l'Islam, et ouvre sur des problématiques  plus générales telle que l'identité (religieuse, culturelle ou sexuelle).

Une oeuvre cohérente dans sa diversité qui perturbe les clichés et joue de l'ambiguïté liée à l'esthétique - où le corps est omniprésent. Un corps, figure de l'artiste, qui se cache et se montre en même temps.

S'affranchissant allégrement des stéréotypes, l'artiste joue les trublions et travestit son corps comme il travestit les traditions. Il sait, par juxtaposition, rester dans cet entre-deux qui perturbe les convictions établies. Il revêt les stigmas liés au féminin ( talons aiguille, rouge à lèvres, voile), mais garde les attributs de sa virilité (poils, sexe, muscles). Un travestissement qui n'est donc  pas intégral, et qui chamboule ainsi la norme des genres, sociale et sexuelle.

Il n'est pas question chez Mehdi-Georges Lahlou de « choc des cultures » mais plutôt d'un double enfermement : sortir d'une culture, c'est être confronté à une autre culture qui vous enferme à nouveau.

Ce travail plastique  tient de l'idiotie. Faire l'idiot, comme le bouffon du roi, c'est lutter avec pertinence et liberté contre la gravité de tout système sclérosant. Les vidéos ont d'ailleurs pour titre Stupidités contrôlées, comme de tenir le plus longtemps possible avec une balle de tennis dans la bouche.

Poussant les limites jusqu'à l'absurde, Mehdi-Georges Lahlou garde toujours un certain chic dans le ridicule et puise dans la légèreté de l'idiot un basculement vers le merveilleux.